literature

FJE : Premier Sang

Deviation Actions

Nemhainn's avatar
By
Published:
520 Views

Literature Text

F = J + E



02 - Premiers sangs




Nous revoilà ensemble Lecteur, ta curiosité te pousse à en savoir plus sur cette étrange enfant aux personnalités trop variées ? Ma foi je suis là pour rassasier cette curiosité. Voyons donc le contexte de ce nouveau chapitre. Rien de bien romanesque, j'en ai peur, dans cette scène des plus banales. Une petite enfant blonde fixée devant la boite à cons, regardant une émission navrante et en arrière-plan, une femme faisant consciencieusement la cuisine. Et d'une main de maître à en croire les effluves appétissantes qui provoquaient inévitablement un gargouillis d'envie à tout les chanceux pouvant se targuer des les humer.

C'était là l'une des grandes qualités, et non des moindre, de cette chère Ambre Lebrun. Visiblement - et si je m'en réfère au nez qui te servira de référence cher Lecteur car hélas tu ne puis humer ces senteurs, - une fine odeur de champignon se distinguait en premier lieu, cette mise en bouche était rapidement suivie d'un arôme de crème fraiche, puis de veau, de riz et de légumes. Toutes ces senteurs annonciatrices du plat préféré Florent et sa fille au nom presque éponyme, une blanquette de veau. Peut être le Lecteur se demande-t-il pourquoi évoquer ainsi un plat qui semble-t-il n'a que peut d'importance dans le récit. Et bien pour deux raisons, incrédule Lecteur, que voici. Premièrement, j'aime la blanquette et la seconde, bien plus importante, elle te fait languir et t'offre un peu de ce repos émotif dont tu auras bien besoin.

Mais revenons à notre héroïne miniature, sur le canapé du salon fixant quelques dessins-animés, revêtue de sa robe de chambre, le visage paisible. Elle était silencieuse comme à son habitude, les genoux repliés contre elle. Derrière le canapé se découpait l'alcôve qui séparait le salon de la cuisine/salle à manger. La décoration était soignée et aux couleurs locales, une petite maison provençale située non loin d'Aix en Provence, à Puyricard. Les murs étaient peints de couleurs chaudes oscillant sur différentes nuances d'ocre. Une décoration tout aussi locale avec des bouquets de lavande séchée, des santons ou des tableaux reproduisant les plus belles œuvres du maitre Cézanne.

Par l'odeur alléché, le père fit son entrée. Lafontaine ne l'aurait pas mieux dit, Lecteur. Florence se tétanisa, effrayée comme a chaque fois que son père surgissait. Mais cette fois-ci, il ne semblait pas avoir matière : il complimenta son épouse pour le doux fumet du repas. Florence se détendit et observa un moment le couple parental discuter. Tout semblait se passer pour le mieux. C'est alors qu'une légère inflexion de voix et un plissement d'œil attirèrent l'attention de Florence qui subit un nouveau choc aussi imprévu que soudain.

Quoi ? Encore ?

Oui, oui, encore !

Mais je ne comprends pas, la dernière fois le petage de plomb était légitime mais la…

C'est moi qui ai décidé.

Toi ? Tu peux décider ça ?

J'ai sentis ça et Florence l'a senti aussi, ça va bientôt partir.

Ils sont calmes pourtant.

Tu es logique « Elle ». Les gens, ils sont instinctifs, et là mon instinct il me met en garde !

Si tu l'dit… mais... tu m'as appelé « Elle » ?

Il te fallait bien un nom et c'est comme ça que je t'ai appelé la dernière fois, tu t'souviens ? « Elle ne veut pas », « elle n'est pas contente ». Ben vala t'es « Elle ».

Complètement stup…

Les pensées, de la désormais nommé « Elle », furent interrompues quand un bris de porcelaine raisonna dans la pièce. Tu l'as deviné Lecteur, la petite Juliette avait vue juste, les deux primates se reprenaient à jouer à qui est le plus fort, les assiettes remplaçant les touffes d'herbes et les cris aux coups sur la poitrine. Une étrange parade d'intimidation précédant l'instant où la frêle femelle sera molestée. L'enfant assista à la scène avec un regard froid.

Tu avais raison, t'es pas si bête Juliette.

Je le hais… je le hais… JE LE HAIS !

Heu… Ju ?

Bouillant et écumante de rage, le souffle de la petite fille se fit comme un rugissement sauvage et ses poings se serrèrent avec violence, ses doigts blanchissant sous la pression. Un grognement se fit l'écho dans sa poitrine, elle reflétait, Lecteur, une image des plus pétrifiante, une magnifique enfant qui se métamorphosait en bête assoiffée de sang.

Juliette ! Calme toi, ça sert a rien de t'énerver comme ca, tu vas juste attirer l'attention.

Je veux le tuer ! Il est méchant ! Méchant avec maman, méchant avec nous ! Il doit être puni !

Déconne pas ! Reste calme Juliette, regarde la TV et détends-toi. Ca va passer comme d'habitude alors ne vas pas faire une connerie qui pourrait nous porter préjudice. Si tu le tues on va avoir des problèmes. Alors stop !

Juliette n'écoutait déjà plus et se jeta par-dessus le canapé, en direction du bourreau qui effrayait tant Florence. Mais elle, ce n'était pas son cas, dans sa tête le sang bouillait d'une folle rage. Elle ne réagissait plus au coup que prenait sa mère durant l'ire conjugale. Tout s'arrêta quand les parents incrédules fixèrent l'enfant furibonde qui approchait avec détermination, en proie a une fureur macabre, et je te pris de croire Lecteur que la scène avait quelque chose d'effrayant.

« Tu es méchant Papa ! Tu n'es qu'un méchant stupide ! Tu fais du mal aux seuls gens assez bêtes pour t'aimer ! Tu détruis la seule chose qui a de l'importance dans ta vie de merde ! Tu n'es qu'un con ! Un con qui mérite la mort ! »

Les paroles sifflèrent avec une rage féroce qui ébahit les parents. Un temps tétanisé, le père alcoolisé et tout aussi furieux se crispa et vociféra un flot de paroles véhémentes puis s'élança vers sa fille, poing serré.

Putain Juliette ! Je te l'avais dit ! On va se faire détruire !

« Je vais t'apprendre le respect dû à ton père espèce de petite peste ! »

Juliette cependant resta de marbre, la colère effaçait la peur, l'émotion était trop forte, trop déterminante, trop présente. Elle regarda son père, le sang tambourinait plus que jamais sur ses tempes, elle avait la sensation que son cerveau allait exploser, son regard focalisé sur son père, les contours flou comme si elle était ivre de son ire. La sensation était si intense, ses sens si en alerte, son corps tellement prêt, sous tension. Le premier coup arriva s'écrasant vers elle. Juliette le vit venir au ralenti et réagit rapidement en s'écartant de la trajectoire avec une fulgurance impossible. Elle évita tout aussi facilement le coup venant de l'autre poing au grand étonnement de tout le monde, une pause se créant soudain. Même Elle ne se permit aucun commentaire tant elle fut surprise de la soudaine vélocité de l'enfant. Celle-ci profita de la confusion pour mettre ce fameux coup, qui dans les films marche si bien, le coup de pied émasculant.

La douleur fit hurler le père sous les yeux d'une Juliette incrédule mais absolument fière d'elle. Un sentiment de joie commença à poindre, mais fut remplacé dans l'instant par la peur quand son père se jeta de nouveau sur elle. La colère s'était trop estompée pour faire encore des miracles et la gamine choisit la fuite. Une fuite qui donna lieu à un spectacle aussi tragique que cocasse alors qu'un père se tenant les parties courait après une fillette apeurée. Mais la course s'acheva par une situation des plus dangereuses. Le glas d'une enfant, acculée, dos a la table et un père en proie à la rage qui la regardait les yeux écarquillés de fureur.

C'est à ce moment que la mère sortit de son mutisme et supplia son époux d'arrêter. Juliette, dans un sentiment confus de peur et de rage tâtonna la table derrière elle. Ses doigts se refermèrent sur le manche d'un couteau. Une nouvelle vague de détermination effaça les doutes, laissant place à un implacable besoin de tuer. Armée, elle retrouvait l'avantage, la surprise en prime. Tuer ce bourreau, venger sa mère, se venger elle-même, céder a la colère et à ses instincts. La rage était tellement douloureuse dans son esprit et l'acte si facile, c'était le plus simple, le plus libérateur !

Juliette ! Arrête ! Ne fait surtout pas ca ! Si tu le tues nous sommes finies ! Arrête !

L'enfant n'écoutait plus. Quand l'alcoolique géniteur se jeta sur elle, tout se déroula en un éclair mortel. La lame frappa avec une précision chirurgicale. Gorge. Aorte. Foie. Trois uniques gestes véloces, trois blessures mortelles d'où jaillirent des flots de sang, qui inondaient la petite fille ébahie. La mère hurla de terreur alors que les yeux exorbités du père s'imprégnaient de leur dernière image, celle d'une plaie béante. Il s'écroula exsangue, Juliette fit de petits pas sur le coté, serrant le couteau contre elle alors que le corps de son père s'affaissa, cogna la table et s'affala au sol.

Noooon… Qu'as tu fait ? On est foutues ! Juliette ! T'as merdé !

La petite ne répondait pas, focalisée sur le corps et l'incroyable mare de sang qui l'entourait, elle même était totalement écarlate, on ne voyait plus sa jolie peau pale, ni ses cheveux dorés, juste une vague silhouette rouge évoquant une fillette. Ambre approcha, terrorisée, tremblante, regardant son mari gisant sans vie au sol.

Je… Je l'ai tué…

Oui, c'est ce que tu voulais non ?

Mais… je… je me sens mal…si mal…et… j'ai peur…

Il fallait y penser avant pauvre idiote ! Bon… Il nous reste un coup à jouer… Ecoute moi bien, si tu fais ce que je dis on devrait s'en sortir pas trop mal d'accord ?

C'est… c'est horrible…

Juliette ! Réagis ! On doit faire quelque chose là ! Alors écoute-moi ! Tue maman ! Tue-la maintenant !

Non ! Pas maman !

Bien sur que si ! Tu tues maman puis on raconte au policier que c'est papa qui l'a fait. On raconte que papa et maman se sont disputés, il a tué maman puis il nous a attaquées, il a arraché notre culotte pour faire de vilaines choses et là on l'a tué pour se défendre. C'est le mieux, la légitime défense face à un meurtre et une agression sexuelle, les policiers auront pitié et seront plus gentils avec nous. Si on ne fait rien maman va leur dire qu'on a attaqué en premier en frappant papa et donc on sera les méchantes ! Alors fais ce que je te dis, tue maman !

Non… je… je ne peux pas…

Bordel ! Laisse-moi faire alors !

Le visage de l'enfant changea soudain, passant de la stupeur à une terrible impassibilité. « Elle » venait de prendre le contrôle pour la première fois et remua comme pour sentir ce corps qu'elle n'avait encore jamais contrôlé. Elle fit quelques mouvements mal assurés puis prit pleinement contrôle de ses gestes.

« Maman ? »

Elle regarda sa mère qui se tourna vers elle choquée puis approcha à petit pas en sanglotant. « Elle » en profita et plongea la lame vers sa mère, le premier coup fut imprécis et s'enfonça à peine, surprise elle recommença alors que la mère hurla de surprise et de douleur. Visiblement, Elle n'avait pas la même facilité ni la même précision que Juliette et ce qui devait être une formalité se révéla être une boucherie confuse et sanglante. Un coup raté, un second maladroit, très vite la douleur, la peur et la surprise tétanisèrent la mère qui subit trois, cinq, dix coups de couteau tous aussi imprécis que les précédents. La scène, Lecteur, était intenable et grotesque. Un déroulement tragique et sadique que même « Elle » ne parvenait pas à accepter. Elle en avait honte et la nausée quand enfin le corps sans vie de la magnifique Ambre s'écroula violement, mutilé à coté de son mari.

Elle se recula, regardant, encore assommée et épuisée par tant d'effort puis se mit à songer avec une pointe de regret.

Ce n'est pas aussi facile que je croyais… Bon sang Juliette pourquoi tu l'as pas fait… Elle aurait moins souffert…

Tu es méchante Elle…Très méchante !

Je fais ça pour nous ! Juliette ! Pour nous…

Elle commença la mise en scène morbide qu'elle avait jadis évoquée. Elle plaça délicatement les empreintes du père sur la lame, arracha sa culotte et la jeta au sol, elle déchira ses vêtements. S'assit sur la table, posa les mains sanglantes de son père sur ses cuisses, entre ses jambes et son ventre, pour y laisser des marques et des empruntes. Elle assura exactement tout de façon photographique suivant son plan minutieusement pensé. Juliette dans sa tête sanglotait abasourdie par toute la scène, la colère, la peur, la tristesse, toutes ces émotions l'avaient épuisée laissant totalement le champ libre à Elle pour qu'elle accomplisse sa morbide besogne.

La petite fille s'écarta un instant et jaugea le tableau qu'elle venait de composer avec minutie. Elle hocha la tête de satisfaction et ouvrit doucement la porte de la maison, sortant en plein lotissement, les vêtements déchirés et inondés de sang. Elle vint calmement s'assoir sur le trottoir sans un mot et resta immobile regardant dans le vide.

Tu fais quoi ?

J'attends. J'attends que quelqu'un nous voit et appelle la police.

On aura des problèmes non ?

On en aura de toute façon, là nous jouons à un jeu pour minimiser les problèmes.

Un jeu ? Il est marrant, hein ? dit ?

Ho oui, on va faire croire des choses aux policiers et aux gens tu vas voir, c'est marrant, le but du jeu c'est qu'ils ne sachent pas la vérité et qu'ils soient gentils avec nous.

Ca a l'air bien !

Ca l'est. On va leur faire croire que rien n'est de notre faute et que tout est la faute de papa comme je t'ai expliqué tout à l'heure, tu te souviens ?

Oui je me souviens ! On commence quand ?

Maintenant, regarde la voisine arrive en courant, que le jeu commence !

Et en effet Lecteur, un étrange jeu commença, un jeu de dupe et de manipulation qui dura des années, Juliette et Elle s'alternant l'une l'autre, s'improvisant joueuses de bluff. Puis il y eu le jeu du chat et de la souris pour finir par un jeu de massacre mais tout ceci tu le découvriras bien assez tôt, du moins j'aime à l'espérer Lecteur. Tu connais à présent tout de ce prélude que je désirais te livrer, il est temps pour moi de te quitter. Sache retenir ce conseil, si tu croises une petite blonde avec des couettes, méfies toi, son visage d'ange n'est qu'un leurre.

The second part of my novella about Juliette and Elle.

Always in french, sorry ^^
© 2011 - 2024 Nemhainn
Comments0
Join the community to add your comment. Already a deviant? Log In